➡️ Abordons maintenant quelques problèmes auxquels vous serez confrontés, avec votre chien comme ceux de vos élèves :
Motivation : certains chiens, malgré un apprentissage scrupuleux, semblent manquer de motivation, soit durant les recherches, soit durant la désignation. Dans la majorité des cas, le manque de motivation provient de la récompense. Le renforçateur, bien qu’il vous semble adapté, ne procure pas suffisamment de plaisir à votre chien pour lui donner l’envie de donner le meilleur de lui-même. Il y a bien souvent un fossé entre ce que l’on pense être adapté à nos chiens, et ce qui en est dans sa réalité. Oui, je parle bien de SA réalité. Non seulement les chiens ont des préférences, mais elles peuvent également varier selon le contexte ou l’activité. Pour exemple, une de mes chiennes a appris que la récompense en détection, c’était la balle. Dès le départ, et dans ce contexte uniquement, je l’ai récompensée en utilisant une petite balle, genre tennis, de la marque Kong. Un jour, pensant lui faire plaisir, je lui ai lancé cette même balle dans le jardin. Quelle ne fût pas ma surprise de l’observer regarder la balle passer devant elle, puis toucher le sol, sans même qu’elle bouge ! Elle a ensuite continué à renifler dans l’herbe comme elle le faisait précédemment. J’ai réalisé que pour cette chienne, la balle n’avait de sens comme récompense que dans le cadre de la détection. Ma chienne n’aime pas particulièrement courir après une balle.
Dans le cas d’un problème de motivation, je vous suggère de reprendre l’étude du renforçateur pour votre chien. Peut-être que la nourriture que vous utilisez n’est pas la bonne ? Varier les récompenses jusqu’à trouver LA nourriture qui lui plait dans ce cadre précis. Quant au jouet, est-ce vraiment son préféré ? Si vous employez une balle, peut-être que votre chien préfère une peluche ? Ou un boudin dans lequel il pourra mordre, voire exercer une tension quand vous en tenez le bout opposé ? A vous d’observer et de faire le bon choix… votre chien vous montrera. Un renforçateur adéquat vous permettra d’observer une progression sur la recherche et la désignation, et non une régression ou une baisse d’intérêt.
Il est également possible que la progression soit trop rapide, des recherches trop difficiles et/ ou trop de distractions. Le chien ne gagnant pas suffisamment (fréquence, valeurs, etc.), sa motivation à chercher va baisser. Dans ce cas de figure, revenez quelques étapes en arrière et reprenez l’apprentissage dans un contexte plus facile pour le chien, lui permettant de gagner à une fréquence plus élevée.
Et pour finir, il se peut que votre chien manque de motivation à la recherche. Dans ce cas, il est indiqué de régulièrement reprendre l’exercice préparatoire de recherche du jouet (ou de la balle lotus) pour que votre chien ait du plaisir, quitte à jouer la comédie, se mettre en concurrence avec lui, ou le féliciter comme s’il était le roi du monde au moment de la trouvaille.
Compréhension olfactive : comme nous l’avons abordé, la détection est un travail d’enquête : traquer, chercher, trouver des molécules olfactives puis remonter à la source pour identifier la source, le point le plus chaud. Votre chien commencera cette activité avec des pages blanches dans son cerveau. Petit à petit, au fil des exercices et des recherches, il va assimiler et stocker ce que l’on pourrait imaginer comme des cartes photographiques, des plans de recherche. L’expérience fera de lui un bon détective, en fonction des entraînements que vous aurez planifiés ainsi qu’en fonction du nombre de renforcements effectués. Plus il va gagner, plus son expectative quant à cette activité va grimper. Il va stocker petit à petit de plus en plus de cartes différentes, dans lesquelles il pourra piocher en fonction des nouveaux contextes qui se présentent à lui. Votre travail consiste à alimenter son cerveau et nourrir sa mémoire avec autant de contextes et de cartes d’olfactions différents.
N’hésitez pas à reprendre des exercices faciles pour votre chien, même s’il est avancé. Cela fait toujours du bien de retravailler les bases, et surtout de ne pas systématiquement se retrouver face à un casse-tête qui demandera un grand niveau de concentration. Votre chien pourra ainsi piocher une carte qu’il connait déjà au lieu de devoir constamment construire de nouvelles cartes de compréhension olfactive.
Persévérance à la source/désignation : votre chien peine à rester à la source ? Il désigne puis quitte très vite l’indication ? Il est fort possible que le comportement de recherche soit plus renforçateur, ou ait un historique de renforcement plus important que le comportement de désignation. Dans ce cas, reprenez des exercices de désignation, travaillez-les indépendamment des recherches, en alternant jeux de désignation et recherches. Durant vos recherches, vous pouvez également renforcer plusieurs fois de suite la désignation. N’oubliez pas : quand vous montez certains critères, baissez vos exigences sur d’autres critères. Vous pouvez également appliquer la règle des 5D que vous avez pratiqué pour l’apprentissage de la désignation en l’incluant dans les recherches, au moment où votre chien désigne. Lorsque vous travaillez sous cet angle, optez pour des configurations de recherche faciles – c’est la désignation sur laquelle vous allez travailler et non la recherche.
Désignation active : grattage, prise en gueule, aboiements, tricks sur les contenants sont un petit aperçu de comportements auxquels vous pourriez être confrontés avec certains chiens. Certains de ces comportements peuvent être l’expression de frustration, mais aussi le résultat de la sélection sur certaines races : les terriers auront tendance à gratter, les bergers aboyer, les labradors prendre en gueule. C’est un peu caricatural ; cependant cela nous oblige également à prendre en compte la génétique des canidés dans certains apprentissages.
Les chiens ayant un fort historique sur la pratique de tricks auront quant à eux tendance à mettre leurs pattes sur les contenants, les prendre en gueule pour les porter, etc. La désignation active nous ramène aux fameux LEGS.
Dans le cas de désignations active, vous aurez plusieurs options : renforcer ou retravailler la désignation passive, marquer les comportements avant que le chien se mette en action (gratter, aboyer, etc.), en s’assurant que le chien ait bien senti l’odeur. Si ce n’est pas le cas, vous risquez d’instaurer le doute dans l’esprit du chien quant à la tâche à accomplir, ou lui indiquer que vous savez mieux que lui où se trouve la cache. Il faut donc être prudent avec cette manière de procéder.
⚠️ Pour conclure ce chapitre sur la résolution de problème :
Je ne laisse jamais un chien en difficulté plus de 10 secondes, peu importe la problématique. Lorsque le cas se présente, je demande au conducteur d’interrompre la recherche, et nous discutons afin de trouver la solution la plus adaptée afin d’aider le chien à résoudre le problème qui se présente à lui.
