Importance de l’odorat chez le chien

Importance de l'odorat chez le chien

💡 Depuis une dizaine d’année, la science s’intéresse de plus en plus au nez du chien, ses capacités olfactives ainsi que la compréhension de son fonctionnement. Le pays le plus à la pointe de ces recherches est les Etats-Unis d’Amérique. De nombreuses universités étudient différents sujets tels que la sélection, l’élevage et la formation du chien de détection, mais également d’autres sujets comme la finesse du nez du chien, sa capacité à la discrimination d’odeurs, ou encore la sélection des chiens grâce aux tests de cognition. La technologie moderne permet d’étudier nos compagnons sous toutes les coutures, y compris l’activation des zones cérébrales selon les odeurs présentées.

Le flair du carlin

👩🏻‍🏫 Dans les découvertes les plus surprenante, on trouve une étude scientifique de 2015, menée par le Dr Hall (USA) a démontré que le carlin est meilleur dans l’acquisition de discrimination olfactive que le berger allemand.

La science confirme que n’importe quelle race peut acquérir les compétences nécessaires à la pratique du nosework!

🐕 Les chiens testés étaient 10 bergers allemands, 11 carlins et 10 greyhounds, tous chiens de famille. 1 carlin et 9 greyhounds ont été écarté de l’étude dans les premiers stades.

Je te cite un extrait de l’étude en question :

“L’opinion publique et la littérature scientifique reflètent l’hypothèse largement répandue selon laquelle il existe des différences dans le comportement entre les races de chiens. Les évaluations comportementales empiriques directes de ces différences, cependant, sont rares et ont produit des résultats mitigés. Un domaine où les différences de race sont souvent supposées est l’olfaction, où les bergers allemands, les chiens de chasse et les labradors sont couramment utilisés pour les travaux de détection des odeurs, tandis que les races miniatures et les chiens brachycéphales, tels que les carlins, ne le sont pas. Le choix de la race pour la détection des odeurs peut être davantage motivés par des choix historiques que par des données scientifiques. Dans cet article, nous avons évalué directement la capacité des bergers allemands, des carlins et des lévriers à acquérir une simple discrimination olfactive, et leur capacité à maintenir les performances lorsque l’odeur cible a été diluée. Nos résultats montrent que contrairement aux attentes, les carlins ont nettement surpassé les bergers allemands en acquérant la discrimination olfactive et maintien des performances lorsque la concentration odorante a été réduite. 9 sur 10 lévriers n’ont pas terminé la formation d’acquisition parce qu’ils ont échoué à un critère de motivation. Ces résultats indiquent que les carlins ont surpassé les bergers allemands dans les dimensions de l’olfaction évaluées.

Les lévriers ont montré un échec général à participer. Dans l’ensemble, nos résultats soulignent l’importance de la mesure comportementale des différences comportementales supposées entre les races.”

Odorat du chien

🐶 Dans ce contexte, je comprends mieux pourquoi mes bulldogs ne s’en sortent pas si mal ! Mais finalement, c’est plutôt logique… que ce soit un bulldog, un terrier, un chien de berger ou de compagnie, ils font tous partie de la même grande famille : le canis lupus familiaris, autrement dit, le chien.

A les côtoyer dans notre quotidien depuis des milliers d’années, nous avons oublié que nous partagions (parfois) notre lit avec un prédateur. Alors oui, je te l’accorde, la bouille mignonne qui te regarde avec ses grands yeux pour un câlin aurait probablement peu de chance de survie à long terme dans un environnement sauvage. Il n’est reste pas moins que malgré toute la sélection opérée par l’homme durant ces millénaires, le chien demeure un prédateur… Bien que pour la plupart des races, il ait perdu en grande partie ses capacités liées à la chasse, et qu’aujourd’hui, nos chiens ressemblent plus à omnivores opportunistes qu’à des grands traqueurs, la prédation reste inscrite dans son ADN.

🐽 Si on prend en considération ce fait, il apparait logique que le chien ait autant de facilité en travail de flair. Non seulement nos compagnons utilisent leur flair pour chercher de la nourriture – ou d’autres choses bien moins ragoutantes, ils l’utilisent également les informations olfactives pour communiquer (avec un congénère ou un humain), glaner des données concernant l’état émotionnel là aussi d’un chien ou d’un humain, et même parfois pour s’orienter. Une étude a démontré que, en utilisant l’olfaction, les chiens étaient capables de détecter l’odeur de stress ou de bien-être chez l’humain. Dans cette étude, des personnes ont regardé des images vidéo, effrayantes pour certaines, et très agréables pour d’autres. Leur sueur a été prélevée, puis placée dans une pièce neutre où se trouvait une personne, sans rapport avec la sueur. Les chiens ont été ensuite invités à entrer dans cette pièce. Leur comportement a été radicalement différent après avoir reniflé l’échantillon de sueur : pour celle liée aux personnes ayant visionné des images effrayantes, les chiens se sont rapidement éloignés de l’humain présent. Pour les échantillons liés au visionnage d’images gaies ou agréables, les chiens ont souhaité interagir avec l’humain.

Le flair fait réellement partie intégrante du chien, et sous plusieurs aspects comme tu as pu le constater.

Mais le plus fascinant de tout, c’est que l’odorat est le premier des 5 sens actifs chez le chien, mais aussi le dernier. Le savais-tu ?

En effet, les chiots naissent sourds et aveugles ; on parle alors de période néonatale. Leurs yeux s’ouvriront progressivement vers 10-14 jours de vie, suivis quelques jours plus tard par l’ouverture du canal auditif. Ils seront complètement « opérationnels » vers l’âge de 3 semaines environ, avec un accroissement rapide de leur développement locomoteur. Naître sourd et aveugle représente un sérieux handicap pour les chiots ! Comment trouver la mamelle nourricière ?

Si tu as eu la chance d’observer une portée de chiots de quelques jours, il est intéressant d’observer ces petits êtres balancer leurs têtes à droite, à gauche, humer l’air… pour localiser leur mère, puis se diriger maladroitement tant bien que mal vers elle afin de trouver la bonne mamelle (oui, parce que bien souvent, on retrouve le même chiot toujours à la même tétine!). On peut donc aisément en conclure que le premier sens que développe un chiot est celui de l’odorat. Ce sens qui lui permettra de se nourrir, de grandir, et donc de vivre.

Les chiens adultes vont bien entendu garder ce sens très développer, mais ils s’appuieront également sur la vue. Lorsqu’un chien nous cherche ou qu’il se met en mode « chasse », il va bien souvent chercher à vue, dans un premier temps, puis si cette recherche ne donne rien, il passera en mode olfactif. Le chien est donc majoritairement visuel et olfactif – l’humain quant à lui est visuel et auditif. Si vous vous perdez un jour en forêt, vous allez observer, scruter les environs du regard afin de voir si vous voyez quelque chose (une issue à cette forêt !). Si cette technique ne donne rien, vous vous mettrez rapidement à tendre l’oreille, pour tenter de percevoir un éventuel signe de civilisation (voiture, bruit mécanique, voix humaines, travaux, etc.) qui signifierait que vous ne vous retrouverez pas livré à vous-même ! Nous sommes donc visuels et auditifs.

En vieillissant, tout comme nous, les chiens vont perdre en acuité visuelle, parfois atteints de cataracte, voir même devenir totalement aveugles. Leur ouïe pourrait également se retrouver affectée par le poids des années. Progressivement, tu pourrais te rendre compte que ton chien ne répond plus à tes demandes, ignore tes appels, voir même ne réagit plus au moindre bruit, signifiant qu’il est devenu sourd. En revanche, l’odorat ne subira quasiment jamais une quelconque altération temporelle. Les cas d’anosmie chez le chien sont rarissimes, et dans le cas qui a été rapporté, non viable pour le chien. Les vieux chiens sont rarement affectés par une cécité progressive : ils apprennent à compenser, notamment avec leur nez. Nombreux sont les témoignages de chiens aveugles qui s’orientent sans embuche, sans aucun doute grâce à des repères olfactifs.

Si le travail de flair est naturel pour le chien, il n’en reste pas moins des différences entre les races. Pas réellement en termes de compétences, mais plus en termes de génétique. En effet, un chien de chasse type Saint-Hubert aura l’endurance nécessaire pour effectuer une piste sur plusieurs kilomètres, alors qu’un carlin serait vite à bout de souffle, surtout à des températures climatiques élevées. En détection, un cocker ou un springer spaniel montreront plus de motivation à la recherche qu’un bichon maltais, qui après quelques minutes sans rien trouver, pensera qu’il n’y a rien d’intéressant dans cette activité, et retournera vaquer à d’autres occupations. La génétique du spaniel lui octroie un avantage certains qui réside majoritairement dans la volonté de chercher coûte de coûte. On ne parlera donc pas de capacité olfactive, mais de motivation dans la recherche – motivation nécessaire pour la recherche de grandes surfaces telles que des bateaux de marchandises, des hangars, ou plusieurs centaines de mètres carrés en détection professionnelle.

Et c’est là que la détection sportive entre en jeu. Cette activité a été créée et pensée pour les chiens de compagnie. En réalité, au tout départ, elle était majoritairement dédiée aux chiens de refuges ou fraîchement adoptés et qui présentaient certains problèmes de comportements. L’idée était de fournir une activité ludique, simple et peu couteuse à mettre en place. De fil en aiguille, cette activité sous forme de sport a pris de l’ampleur, et à l’heure actuelle, commence à dépasser l’agility en nombre de pratiquants. Que ce soit à un niveau sportif, ou pour le plaisir de partager un moment de complicité avec son chien, nulle doute que la détection coche toutes les cases d’une activité naturelle, motivante et plaisante pour nos chiens. Preuve en est une étude scientifique conjointe entre les USA et la France.

Optimisme du chien

🧠 Dans leur article « Let me sniff! Nosework induces positive judgement bias in pet dogs », les auteurs Charlotte Duranton et Alexandra Horowitz constatent : « Dans un test cognitif de biais, les chiens étaient plus rapides pour aller au bol ambigu après avoir pratiqué le travail de flair durant deux semaines, comparé au travail de marche au pied durant deux semaines. Un tel résultat est décrit comme une mesure d’«optimisme » chez les sujets; dans ce cas, les chiens qui ont participé au traitement de travail de flair étaient « plus optimistes » après le traitement qu’avant – un résultat qui ne s’est pas produit dans le groupe de contrôle (marche au pied). »

Alors si même la science s’accorde pour démontrer les bénéfices du travail de flair et son impact sur le mental du chien, il n’y a plus aucune raison de se priver !

Je pense que tu comprends mieux en quoi le travail de flair, que ce soit du pistage, du mantrailing ou de la détection sportive est un comportement naturel pour le chien. De plus, comme nous l’avons vu, lorsqu’ils pratiquent une activité olfactive, les chiens sont plus optimistes.

Si tu souhaites introduire l’odeur à ton chien, tu trouveras les infos ici ⬇️

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